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L’ingénieux : Moshe Feldenkrais

Le fondateur de la méthode Feldenkrais ™, s’appelait Moshe Feldenkrais (1904-1984).

Étonnant Monsieur aux multiples facettes, à l’intelligence aiguisée et à la curiosité intuitive.
J’avais envie de partager avec vous ce que j’ai appris de la vie du fondateur de cette méthode et ce qui m’apparait comme significatif dans la construction de sa méthode. Cela permet de comprendre dans quoi elle s’inscrit et de mieux la situer dans le temps.

Scientifique et Sportif : Corps et esprit, ne font qu’un.
Connaître « par corps »

 

 

Avant la seconde guerre mondiale, Moshe Feldenkrais s’intéresse particulièrement à la science et au sport:
Né en Ukraine, en 1904,  il part à l’adolescence en Palestine, où il apprend le Ju Jitsu.
Plus tard, en 1928, il vient s’installer en France pour étudier. Il obtiendra un diplôme d’ingénieur en mécanique et électricité ainsi qu’un doctorat en physique.
Moshe a la chance de rencontrer les bonnes personnes :
Après l’obtention de son diplôme, il rejoint le laboratoire de Paul Langevin.
En 1938, il travaille avec Frédéric Joliot-Curie, dont il est l’assistant et avec qui il partage sa passion pour les arts martiaux.
Il rencontre ensuite Jigoro Kano, fondateur du judo, et obtient l’une des premières ceintures noires de judoka européenne et participe à la création du premier club de Ju Jitsu de Paris.
Moshe Feldenkrais incarne l’union du travail corporel et intellectuel, comme s’il liait les deux dans une relation étroite:
Connaître son corps ou plutôt, connaître par corps :  différencier les différentes séquences d’un mouvement, être conscient de chaque moment, chercher le chemin le moins fatiguant, le plus efficace, le plus juste. Faire des essais, des expériences, comparer, tirer des conclusions, mémoriser la sensation, trouver des solutions. Faire des connections, développer sa capacité de perception, d’abstraction, de créativité. Voilà le travail de celui qui étudie le mouvement.
D’un point de vu cognitif ce travail est similaire à celui du scientifique. Mieux connaître passe par différencier, tester, ajuster, faire des connections, développer sa capacité de représentions dans l’espace et d’abstraction à partir d’éléments concrets.

 À mes professeurs de gymnastique, à mes entraineurs, à mes guides de hautes montagne, qui m’ont appris à penser
Michel Serres dédicace dans « variation sur le corps »

Une blessure l’amène à s’interroger:
Peut-on apprendre à être en bonne santé?

Sportif de haut niveau, il se blesse plusieurs fois au genou. La chirurgie de l’époque ne lui offre pas de rémission certaine. Il va alors étudier le fonctionnement du corps humain avec sa rigueur de scientifique et son goût pour le questionnement et la recherche. Il applique à lui-même ses différentes découvertes. Après la seconde guerre mondiale, il se consacre à son nouveau sujet de recherche qui deviendra la méthode Feldenkrais.
En tant qu’homme de mouvement, la rigidité des planches anatomiques ne l’inspire guère. Il s’intéresse à la biomécanique. Ce qui attire son attention c’est l’organisation du mouvement. Son intuition l’aiguille vers le processus d’apprentissage: comment fait-on pour apprendre?  Il va alors analyser le développement psychomoteur de l’enfant et s’intéresse particulièrement à la fonction.
Une fonction inscrit les besoins d’un individu dans le mouvement. En effet, Moshe Feldenkrais ne sépare pas l’action, la réalité physiologique d’un individu et l’individu lui même. Pour lui c’est un ensemble. Et on ne peut s’adresser à une seule partie sans prendre en compte l’ensemble. En cela la méthode est holistique. Il en résulte que, si l’on pense en terme de fonction et que si une personne apprend à agir en tentant d’améliorer la relation entre son mouvement et la fonction qui correspond, l’ensemble de la personne en tirera les bénéfices et accèdera à une meilleure santé.

Un fin pédagogue:
de la recherche à l’intégration, apprendre à apprendre.

 

 

Issu d’une famille juive hassidique, non pratiquant, il retient de sa culture le goût pour les transmissions orales, l’interrogation et la recherche de l’amélioration de soi vers la maturité.
Le questionnement est au cœur de sa pédagogie. Se questionner c’est se mettre en mouvement. Il nous livre quelques pistes:  affiner sa perception, sentir, distinguer, créer des différences, comparer, relier.
Relier pourrait être le maître mot de la méthode.

Il semblait à Moshe que la perte de l’unité, la fragmentation, était la source de difficultés que nous rencontrons avec nous-même.
Carl Ginsburg (Prof. de Chimie et Trainer Feldenkrais)

La pédagogie de Feldenkrais ne donne pas de solutions, mais crée des situations d’apprentissage pour que l’élève fasse ses propres relations, découvertes et trouvailles.
Moshe Feldenkrais cherchait à transmettre des outils pour que chacun puisse cheminer vers sa maturité, l’autonomie, en relation avec les autres et son environnement.

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Moshe Feldenkrais n’a eu de cesse de compléter sa méthode durant sa vie entière. Par chance, il a pris soin de nous transmettre son travail en enseignant la méthode à de futurs praticiens en Europe, en Israël et aux Etats-Unis. Aujourd’hui de nombreux praticiens et formateurs contribuent à enrichir la méthode qui se trouve être corroborée par les récentes découvertes scientifiques en neurosciences notamment.

Ses travaux sont considérés, comme précurseurs dans de nombreux domaines : éducation, santé, arts…

Pour approfondir, je vous recommande de pratiquer, pratiquer, pratiquer !….
et de lire  » le Cas Doris » de Moshe Feldenkrais. Une étude de cas qui vous permet de suivre Moshe Feldenkrais dans son cheminement.